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Organisée sous le thème « Above Résistance », l’édition 2022 du Festival International Part’Âges plus qu’un espace de promotion culturelle, a été un intense moment de partages et surtout de réflexions sur les enjeux de l’art musical et théâtrale en contexte africain. Une posture en étroite ligne avec les fondamentaux de ce festival international qui s’inscrit dans la créativité, la productivité, et la diffusion des Arts de la scène, notamment théâtral.
Porté par l’association Kogno’Art et la Compagnie Rouge, l’évènement qui est à sa troisième édition, s’organise chaque année au mois d’octobre. Une trentaine de compagnies et d’artistes venus des pays comme l’Allemagne, la France, la Belgique ont activement communié avec leurs confrères du Cameroun, pays hôte de l’évènement, proposant ainsi des contenus artistiques de haute qualité à l’occasion des spectacles gracieusement ouverts au grand public de Yaoundé.
C’est sans distinction aucune et dans la diversité la plus encouragée que ces artistes venus d’ici et d’ailleurs ont participé à la fusion des regards, des expériences individuelles et ou communes, des modèles d’expressions critiques et artistiques davantage libres et engagés concourant ainsi à revitaliser et à redynamiser nos scènes locales. Ceci dans un contexte camerounais marqué par une réelle décadence du secteur. Une agonie paradoxale dans un Cameroun qui regorge d’extraordinaires. Un Cameroun qui a connu des grands noms du théâtre contemporain.
Un Festival aux activités spatiotemporelles plurielles.
Démarré à Goethe Institut Kamerun le jeudi 27 Octobre 2022 lorsqu’il était 10h, le Festival International Part’Âges s’ouvre par une messe intellectuelle qui a drainé les grands noms de la société savante et artistique du pays, à l’instar du célèbre Professeur François Bingono Bingono, de l’ingénieur des industries créativesAboulaye Oumaté ou encore des danseuses professionnelles et chorégraphes Messina et Antonia Naouele. La conférence placée sous le thème central «États des lieux, enjeux et défis de la danse en Afrique du Nord et en Afrique Subsaharienne», a été l’occasion pour les conférenciers en présentiel et ceux en ligne, de faire une autopsie de la danse en Afrique et de passer au scanner les méandres de cette pratique qui peine à nourrir son homme dans l’espace africain au sud du Sahara. « Je peux répondre par oui, qu’il n’y en a pas de structure de production et de diffusion au Cameroun. De ma connaissance et de mon expérience par apport à la danse, si on s’en tient à la définition et au rôle régalien de ces structures, on ne retrouve aucune chez Nous. Ce qui est un grand frein et un grand blocage pour la création de la danse au Cameroun. Pour créer une pièce chorégraphique de nos jours, c’est pour son bon plaisir personnel ou pour la famille à la maison. En attendant les Festivals qui peuvent passer par hasard, ou on peut choper quelques minutes pour s’exprimer. L’absence de structure nous laisse avec notre destin à main. Ce sont les structures européennes qui représentent la dance dans notre continent. », s’insurge Antonia Naouele.
C’était l’occasion pour Bingono Bingono, d’inviter la jeunesse artistique à œuvrer pour une révolution des mentalités. « La jeunesse artistique ne se limite pas à la production des spectacles, mais qu’elle associe l’euristique, la connaissance à ce que elle pratique. Il a été question d’une réflexion profonde sur la problématique de la démonisation de notre dance. Au lieu de rester focaliser simplement sur la décolonisation de la dance, les jeunes doivent voir comment est ce que l’art peut se mettre en contribution pour la décolonisation des mentalités. Il est temps pour l’africain de se prendre en charge et de se décoloniser. », conseille le mystique. Une invitation à l’union qui cadre avec les objectifs des promoteurs du Festival. « On a beaucoup de réalisations en termes de productions et de créations, mais on s’est rendu compte qu’il n’y a pas communication, il n’y a pas dialogue entre la création artistique qui se déroule en Afrique subsaharienne et la création artistique qui se déroule en Afrique du Nord. Le but est de réfléchir à comment mettre différents artistes sur la table pour qu’ils puissent échanger, pour qu’ils puissent ensemble trouver des solutions. Le temps d’implémentation de cette conférence devrait êtrecouché sur du papier pour que ça permette à la prospérité et aux jeunes qui arrivent, qui ont du talent de penser science. Parce que la dance est une science. C’est un moyen de communication. On utilise le corps comme support, mais ce mouvement a une écriture, ce mouvement s’inscrit dans le temps. D’ici 03 ans on aura un ouvrage qui pourra être utilisé en Afrique Subsaharienne, en Afrique du Nord et avec nos partenaires occidentaux. » Rassure Larissa Ndjakomo, Responsable communication.
D’autres activités ont succédé à cette conférence grandeur nature, durant les 03 jours du festival. On peut citer entre autres : Le spectacle «pléplé» des enfants tenu à l’IFC-YDE, représentations théâtrales à l’IFC-YDEet à Goethe Institut Kamerun, la restitution de la commission d'exploration du projet «Les aventures ambiguës» inspiré du roman éponyme de Cheikh Hamidou Kane dont la première étape s’effectue au Cameroun.
Une soirée-concert colorée années 60, a marqué la clôture en apothéose du Festival International Part’Âges 2022. C’était au Quartier Mozart dans la nuit du 29 Octobre dernier.
Clap de fin sur 03 jours de travail scientifique, artistique et récréative piloté par l’équipe de David Kono, cofondateur du « Festival International Part’Âges qui revendique une nouvelle façon de (dé)construire les formes esthétiques d’écritures, les pratiques artistiques et la présentation des scènes vivantes dans l’optique de tisser une histoire pérenne et engagée avec son public ». Rdv en octobre 2023 pour un nouveau régal culturel.
Ibrahim Yiche
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