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LETTRE OUVERTE À MONSIEUR ISSA TCHIROMA BAKARY - PRÉSIDENT NATIONAL DU FSNC ET CANDIDAT À L'ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE DU 12 OCTOBRE 2025
Monsieur le Président national du FSNC,
Et si vous acceptez la main tendue de l'histoire ?
C'est avec une déférence particulière mêlée d'honneur et de modestie sincère que j'entreprends ce geste d'une folle intrépidité convaincue qu'il ne saurait me ravir ni à la déferlante qui me tombera dessus, ni à la sympathie sincère de quelques-un(e)s.
Je ne crois pas tenir beaucoup à aucun de ces deux éléments tant il m'est cher d'affirmer la conscience d'appartenir à une nation et admettre, en tant que citoyenne affranchie de toute attache partisane, et avec la densité de mes convictions, que l'histoire de notre peuple est aujourd'hui marquée du sceau d'une ardeur politique comme personne ne l'aurait suspectée.
À cette ardeur, votre contribution fut exceptionnelle. Comme une source qui creuse délicatement son passage dans la roche. Son murmure est distant et presque imperceptible. Mais jour après jour, insidieusement, elle sculpte la pierre, la transforme, lui imprime sa force et sa trace. D'abord, vous avez quitté vos privilèges de Ministre. Ensuite, vous êtes venu dans l'opposition Camerounaise lorsque personne ne vous y attendait et finalement, votre candidature à l'élection présidentielle du 12 octobre 2025 a suscité l'adhésion populaire d'une part non négligeable des électeur.rice.s. Quel parcours !
Ainsi le rendez-vous historique que notre peuple a honoré ce 12 octobre 2025 s'est enrichi de l'intérêt grandissant des Camerounaises et des Camerounais ; de la participation salutaire de nouveaux acteurs fulgurant parmi lesquels vous comptez, et surtout de l'enthousiasme ressuscité de celles et ceux qui n'avaient pas réussi à briser le cercle de la désillusion engendrée par l'éviction du Pr KAMTO, dont l'ampleur fut qu'elles/qu'ils soient incapables de croire encore à la démocratie. En effet, malgré le taux d'abstention observé, vous avez déjoué le reflet des prédictions erronées dans le miroir de la réalité électorale, vous avez provoqué l'histoire, vous l'avez épuré de toutes désillusions. Votre dynamique a recréé l'élan de vitalité de notre démocratie et réinventé l'espace public camerounais.
À rebours des valeurs républicaines qui nous sont chères, cette ardeur s'est avilit en exactions et en saccages ayant entraîné des pertes - pertes matérielles, pertes en vies humaines.
Je pense à ces familles dont les commerces ont été dévastés, à ces entrepreneur·e·s voyant s’effondrer le fruit de tant d’années de labeur, à ces travailleurs qui redoutent la précarité, et à ces vies brutalement arrachées, laissant derrière elles le deuil, les larmes et le silence des foyers meurtris. Toutes et tous ont senti sur leur chair le tranchant acéré de ces tiers gêneurs (violence, barbarie, vandalisme, etc.) que je déplore et je condamne.
Toutes ces dérives, j'en ai la certitude, vous ne les avez ni prédites ni préméditées, mais le changement auquel des millions de Camerounais.e.s ont cru n'aurait point suscité de doutes si vous aviez condamné ces tiers gêneurs soulignant que nous sommes dans un cadre que nous n'avons naturellement pas choisi, mais où nous sommes tenus d'évoluer collectivement dans le strict respect : celui de la loi et de la République.
Il va sans dire que le droit de manifester reconnu à toutes et à tous les citoyen.ne.s ne saurait se muer en un passe-droit vers la violence, la barbarie et le chaos.
Entre ces jours sombres, notre histoire commune n'a pas fini de s'écrire, elle a pris un tournant décisif majeur, irréversible.
Monsieur le Président national du FSNC,
L'investiture du Chef de l’État, son Excellence Monsieur Paul BIYA, a tracé pour notre nation, des passerelles fécondes vers la 3e République qui répondra aux justes aspirations de notre peuple : « J’en appelle donc à l’union sacrée... Il va sans dire que les efforts engagés dans la lutte contre la corruption seront intensifiés. Nous devrons également, soumettre au Parlement, certaines réformes permettant un fonctionnement plus efficient de l’Etat, grâce à une adaptation de nos institutions aux exigences de notre environnement. ».
Ainsi l'histoire vous tend la main. Elle vous offre une opportunité unique de poursuivre l'élan de vitalité de notre démocratie et d'accomplir brillamment votre rôle dans l'avènement de la 3e République dont la trajectoire certaine passe par des réformes institutionnelles et électorales.
Un tel processus a besoin - au risque de virer en une duperie ou en un échec cuisant - des personnes déterminées, des sentinelles. Il ne peut s'accomplir efficacement sans la participation active et engagée d'un acteur de votre calibre.
Par là, toutes les jeunesses qui croient en vous, y trouveront une fenêtre ouverte sur leur pleine intégration dans la 3e République que nous voulons toutes et tous.
En faisant le choix de poursuivre l'élan de vitalité de notre démocratie, vous rentrerez dans les pages les plus glorieuses de notre histoire commune.
Ce choix suggère d’accepter le dialogue et la négociation. Cette ouverture contribuera à apaiser les tensions, à réintégrer les jeunesses dans la cause républicaine, à faciliter et à accélérer le renouvellement politique. Il s’agit d’amener le système à fédérer l’ensemble des acteurs politiques autour d’une même table, dans la perspective d’un gouvernement de large consensus et d’union nationale.
Une réforme de l'État, un gouvernement d'union nationale et une lutte plus accentuée contre la corruption, sont, à mon appréciation, le terreau fertile d'où germera le Cameroun que nous appelons de nos vœux. Et les fleurs de la 3e République que nous rêvons trouveront dans ce sol lavé comme une grève, le nutriment magique qui leur ferait plantes pérennes, plantes sans atrophies.
Monsieur le Président national du FSNC,
Une fois encore, l'histoire vous tend la main.
Et si vous acceptez la main tendue de l'histoire ?
Sara TIMB
Poétesse multirécompensée – Entrepreneure sociale - Doctorante

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