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Des missions menées de manière successive, alternative ou concomitante, et qui auront impliqué qu’à intervalles plus ou moins réguliers, de nombreuses évolutions soient intégrées dans les concepts doctrinaux et opérationnels de notre Armée, évolutions elles-mêmes rendues nécessaires par l’impératif d’adaptation aux bouleversements intervenant dans les domaines de la contestation à caractère subversif, de la géopolitique, et de la grande criminalité.
Sitôt après l’accession du Cameroun à la souveraineté internationale, la pacification des zones du territoire national dans lesquelles l’autorité de l’État se trouvait contestée par des mouvances armées, sera la première tâche dévolue à notre Armée. Cette dernière expérimentera alors ses savoir-faire en matière de contrôle de zone, en procédant notamment au regroupement des populations jusque-là disséminées dans des villages d’accès difficile, donc à la merci des exactions des rebelles. Les hameaux stratégiques participaient ainsi à la garantie de leur sécurité.
Cette période donnait aussi à l’Armée camerounaise, l’occasion de poser les jalons de ses actions civilo-militaires, à l’instar du désenclavement de ce qui était encore appelé arrière-pays, de l’ouverture des écoles des casernes aux enfants issus de familles civiles, ainsi que la mise à disposition gratuite de soins de santé aux populations.
Au tout début des années 80, et à la suite de la survenue du différend territorial entre le Nigeria et la Cameroun à propos de la péninsule de Bakassi, il sera désormais question de la défense ferme du territoire national. En plus du renforcement multidimensionnel des capacités que va impliquer cette mutation de sa doctrine d’emploi, l’Armée camerounaise va faire ses premiers pas dans ce qui sera plus tard appelé interarmisation. Il se trouve en effet que la Gendarmerie nationale, les armées de Terre, de l’Air et la Marine nationale seront ensemble déployées dans la péninsule et ses environs.
Mais, cette dispute de configuration conventionnelle était encore pendante que déjà, apparaissait le phénomène des coupeurs de route. L’on passait alors de la fortification des positions sur la ligne de contact, à la dissémination d’unités légères mobiles, mécaniques propices au combat de rencontre, avec des malfrats qu’il fallait débusquer jusque dans les moindres bosquets de la région péri-sahélienne de notre pays.
C’est du reste un mode opératoire identique qui est en usage dans la lutte contre l’activité terroriste en cours dans certaines de nos régions administratives. Un mode opératoire qui se distingue une fois de plus par sa redoutable efficacité. Dans les faits, la présence permanente, visible et diffuse de nos soldats sur le terrain a le don d’instiller un sentiment de sécurité au sein de populations libres de s’adonner à leurs activités existentielles.
Dans le même mouvement, la dissémination, l’itinérance, et la fulgurance de nos capacités d’action, tout en empêchant la concentration d’éléments séditieux en prévision d’éventuelles attaques frontales massives, les prive de tout gage territorial dont ils pourraient se prévaloir de la possession.
Pour autant, l’armée camerounaise est loin de se reposer sur ses victoires passées, de nouveaux défis se profilant dans un horizon géopolitique et géostratégique plein d’incertitudes, défis qu’il faudra au mieux anticiper, au pire contrer. Cette seule perspective permet déjà d’envisager, la nécessité de futures évolutions doctrinales et opérationnelles.
Source: Capitaine de Vaisseau, Atonfack Guemo Cyrille Serge, Chef de Division Communication - Mindef
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