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Sous le régime de Paul Biya, plusieurs grandes figures du monde des affaires au Cameroun, autrefois perçues comme des piliers de l'économie nationale, ont vu leur empire s'effondrer. Les bouleversements économiques et politiques ont provoqué des échecs financiers pour certains des plus grands noms du secteur privé. Ces défaillances, qui touchent des personnalités emblématiques comme Mamadou Pantami, Mohamadou Abbo Ousmanou et Fadil Abdoulaye Assoumi, reflètent une tendance plus large de la fragilisation des entreprises locales dans un contexte de faible soutien gouvernemental et d’une absence de transparence dans les interventions de l'État.
Les icônes déchues du secteur privé camerounais
Au fil des années, le Cameroun a vu plusieurs de ses plus grandes fortunes sombrer. Les raisons sont multiples : des bouleversements économiques à la modification des politiques publiques en passant par un manque de soutien de l'État dans la gestion des crises. Ces hommes d'affaires, qui ont autrefois dominé leurs secteurs respectifs, sont aujourd'hui les symboles des défis auxquels font face les entrepreneurs camerounais. Voici quelques-unes de ces figures marquantes qui ont vu leurs empires s'effondrer :
Mamadou Pantami (1930-2013), originaire de Garoua, a connu des heures de gloire avec ses entreprises dans le secteur de la savonnerie et du commerce de quincaillerie. Cependant, le déclin de ses activités a laissé un vide dans l'économie locale, marquant la chute de cet influent homme d'affaires.
Mohamadou Abbo Ousmanou, décédé en 2023, était un producteur de maïs renommé à travers sa société Maïscam. Propriétaire de l'hôtel Le Relais St Hubert, son empire n'a pas survécu aux bouleversements structurels et économiques du Cameroun.
Aminou Adama, le Samaritain de Maroua, figure emblématique du secteur des affaires, est également tombé après une carrière marquée par un soutien à la jeunesse et à l'éducation.
Fadil Abdoulaye Assoumi (1924-1993), après des investissements importants dans l'industrie et l'immobilier, a vu ses entreprises décliner, notamment en raison du retrait progressif de l'État dans le soutien aux entrepreneurs locaux.
Kamgaing Maurice (décédé en 2007), promoteur de l'Hôtel Beau Séjour, a investi massivement dans l'immobilier mais n'a pas échappé aux turbulences économiques, comme beaucoup de ses pairs.
James Onobiono, un modèle d'échec transformé en apprentissage, a tenté de restructurer ses entreprises, mais n'a pas pu éviter la faillite. Il reste néanmoins une référence pour ceux qui cherchent à tirer des leçons de l'échec.
Théodore Bella (1930-2004), fondateur du supermarché Prisunic à Yaoundé et pionnier de la bureautique au Cameroun, a vu son entreprise s'effondrer après des décennies de succès.
Le soutien de l'État aux entreprises en difficulté : Transparence et équité en question
Alors que des entreprises comme le Groupe Nana Bouba pourraient bénéficier d'une injection de 30 milliards de FCFA de fonds publics, la question de la transparence dans la gestion de ces aides se pose avec acuité. Alors que des milliers d'entreprises locales ferment leurs portes quotidiennement, la sélection d'une entreprise privée pour recevoir des fonds soulève des interrogations sur le favoritisme et le manque d'équité dans l'allocation des ressources publiques.
Les risques d'une intervention opaque
L'injection de fonds publics dans une entreprise privée soulève plusieurs questions, notamment :
· Favoritisme et iniquité : La concentration des fonds publics sur une seule entreprise pourrait être perçue comme un acte partisan, créant des inégalités dans l'accès au soutien gouvernemental, alors que d'autres entreprises rencontrent les mêmes difficultés.
· Mauvaise gestion des ressources publiques : L'absence de transparence dans le suivi des fonds alloués pourrait entraîner une mauvaise utilisation des ressources et des pertes importantes pour l'État.
· Dépendance accrue : Si des entreprises privées devenaient trop dépendantes de l'aide publique sans une restructuration adéquate, cela pourrait entraîner une demande continue de soutien, au détriment de la viabilité à long terme.
La nécessité d'une approche juste et transparente
Dans ce contexte, il est essentiel que le gouvernement adopte une approche équilibrée et transparente dans la gestion des aides financières. Tout soutien doit être fondé sur des critères objectifs, transparents et équitables pour éviter toute perception de favoritisme. Une gestion saine des ressources publiques implique également un suivi rigoureux afin de garantir que les fonds soient utilisés de manière efficace et qu'ils bénéficient à l'ensemble du tissu économique, et non à une minorité privilégiée.
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