vues
Elle vise principalement à rappeler les enjeux et les perspectives pour les Micro, Petites et Moyennes Entreprises (MPME) relativement à cette fusion, compte-tenu des activités réalisées par E.CAM depuis 2009,qui ont abouti à la mise en place d’un dispositif d’accompagnement et de financement de cette catégorie d’entreprises. Ledit dispositif est fondé sur l’approche filière et nécessite une étroite collaboration avec les Grandes entreprises (GE), réunies au sein du GICAM.
En effet, les MPME occupent une place déterminante dans l’économie de tous les pays, sans exception. Elles constituent la colonne vertébrale du système de production des biens et services et sont de fait le principal facteur de stabilité de l’économie en cas de crise, du fait précisément de leur taille réduite et de leur capacité d’adaptation plus rapide et plus efficace que celle des grandes entreprises. Elles sont également pourvoyeuses du plus grand nombre d’emplois et participent largement à la part du produit intérieur brut (PIB) attribuée aux grandes entreprises (60 à 70%), alors que la leur est souvent plus limitée (30 à 40%), parce qu’elles interviennent généralement dans les maillons périphériques de la chaîne de production, en tant que sous-traitants, fournisseurs ou détaillants des produits fabriqués par les GE.
La fusion d’ECAM et du GICAM a suscité un intérêt qui nous a nous-mêmes surpris. Personne, pas même les acteurs ne soupçonnait un tel engouement. Jamais auparavant une opération n’avait été autant commentée, chacun s’autorisant à donner un avis plus ou moins sincère.
Il faut souligner que la fusion est quelque chose d’assez rare dans notre écosystème culturel et économique. Notre littérature économique est assez avare en chroniques rendant compte des initiatives de regroupements (d’initiatives locales). Tout le monde veut évoluer seul. Tout le monde veut être son propre chef. Et pourtant quelle force on constituerait. Imaginez nos hommes d’affaire s’associer ?
On peut fusionner pour plusieurs raisons :
- Raison d’efficacité
- Raison de complémentarité
- Pour acquérir quelque chose (un brevet, un savoir, un savoir-faire, une technique, une réputation…)
Pour ce qui concerne ECAM, nous partageons avec le GICAM le même ADN, les mêmes valeurs. Notre agilité pourra compter sur l’expérience du GICAM et la forte capacité de mobilisation des ressources, notre fraîcheur et jeunesse pourra infléchir la « rigidité » du GICAM afin que main dans la main, nous puissions ensemble traiter des problèmes de financement des PME, des problèmes d’organisation.
Enjeux de la fusion GICAM & E.CAM pour les MPME
La situation des MPME, dans le contexte de l’Afrique subsaharienne en général, et du Cameroun en particulier, ne peut pas être abordée sans tenir compte de l’environnement socioculturel dans lequel elles déploient leurs activités. A cet égard, nous ne retiendrons ici que la culture de la transmission orale qui caractérise fondamentalement la gouvernance économique et sociale de nos communautés, et par conséquent la gestion de nos entreprises.
Or, fondamentalement, le concept d’entreprise renvoie à une organisation formelle, constituée sur la base de choix stratégiques éclairés par des études approfondies.
Les enjeux de la fusion GICAM & E.CAM se situent précisément dans la capacité de la nouvelle centrale patronale à transformer structurellement les MPME en les amenant à prendre en compte l’ensemble des fonctions dans la gestion quotidienne des entreprises, afin d’assurer la pérennité de leurs activités et une contribution plus efficace au développement économique et social du Cameroun.
Il apparaît ainsi que, selon les études de l’Institut National de la Statistique (INS) et la Banque Mondiale (BM), sur une population active estimée à 10 818 499 en 2020, environ 341 000 sont formellement employés par le secteur public et 670 000 par le secteur privé. Ce qui laisse au secteur informel 9 807 499 d’actifs dont la situation économique et sociale n’est pas clairement maîtrisée par une quelconque organisation. L’un des objectifs de la fusion GICAM & E.CAM est de remédier à cette situation en créant, en partenariat avec le Gouvernement et toutes les autres parties prenantes, un environnement des affaires suffisamment sécurisé et attractif pour les entrepreneurs, les dirigeants d’entreprises et les investisseurs camerounais et étrangers.
L’on dénombrait 87 422 MPME en 2009 contre 202 980 MPME en 2016, soit une augmentation de 115% dans l’intervalle. Ces MPME représentent 99,8% des entreprises recensées, contre 0,2% pour les GE, sur un total de 203 387 entreprises recensées en 2016. La répartition des MPME reste largement en faveur des TPE quel que soit le secteur d’activité considéré, comme cela a été le cas en 2009 d’après les résultats du RGE-1.
En se fixant un objectif de 30% d’emplois formels d’ici 2030, soit 3 245 550, par rapport à la population active estimée en 2020, la nouvelle centrale patronale devrait mobiliser au moins 660 103 MPME formellement constituées et mises en relation avec les GE et les institutions financières.
Perspectives de la fusion GICAM & E.CAM pour les MPME
Les statistiques officielles relatives à l’emploi et la structure du tissu des entreprises du Cameroun contrastent avec la réalité socioéconomique et tendent à démontrer qu’il existe déjà un tissu économique et industriel qui, bien qu’encore artisanal et rudimentaire, emploie la grande majorité de la population active.
L’objectif d’insérer 660 103 MPME dans les circuits économiques et financiers formels d’ici 2030 n’est donc pas utopique, car dans les faits une grande partie existe déjà et ne demande qu’à être développée, grâce à des outils de gestion et un système financier adaptés au contexte socioculturel local.
Les perspectives de la fusion GICAM & E.CAM doivent donc être appréhendées à travers la migration progressive et systématique des MPME du secteur informel vers celui formel, offrant ainsi au système financier la possibilité de conquérir et de développer ce segment de clientèle, considéré comme le plus risqué par rapport aux grandes entreprises, aux particuliers et aux administrations publiques ou privées.
La création d’une nouvelle centrale patronale, qui se veut être la plus PUISSANTE et la plus FORTE en Afrique centrale, au-delà de répondre à la demande de plus en plus prégnante des dirigeants d’entreprises de disposer d’un environnement des affaires plus favorable au développement de leurs activités, constitue également une réponse à l’appel des Autorités publiques du Cameroun et de l’ensemble de la sous-région de l’Afrique centrale, qui n’ont pas cessé au cours des 20 dernières années d’interpeler le secteur privé, afin qu’il prenne enfin la place qui est la sienne dans la transformation structurelle de l’économie.
Toutes les mesures prises aussi bien au plan national que régional (ZLECAF, restructuration BDEAC…), ouvrent des perspectives incommensurables aux MPME et appellent leurs Dirigeants à réaliser leur part du contrat social qui les lie au Gouvernement, à travers notamment le développement de leurs activités, l’insertion professionnelle des jeunes et la collecte de l’impôt à la porte et à l’intérieur du pays. En effet, il ne peut y avoir un ETAT FORT sans ENTREPRISES FORTES, et la force de l’Etat vient de ses recettes fiscales nourries et collectées presqu’exclusivement par les entreprises.
6 345,1 milliards de FCFA, c’est le budget de l’Etat du Cameroun pour le compte de l’exercice 2023. 4 758,1 milliards de FCFA, c’est le total des crédits bancaires à l’économie en Janvier 2023, selon les statistiques du Comité National Economique et Financier (CNEF). Au 31 décembre 2021, le total des crédits bancaires au Cameroun est estimé à 4 312 milliards de FCFA, pour un PIB estimé à environ 27 000 milliards de FCFA, soit un taux de crédit bancaire à l’économie de 16%, pour un seuil minimal de 60% observé pour les pays émergents en général. Ces indicateurs sont médiocres pour un pays comme le Cameroun qui compte plus de 27 millions d’habitants ; et le secteur privé en porte une part de responsabilité qu’il est question désormais de prendre à bras le corps.
C’est le sens à retenir de la fusion GICAM & E.CAM.
Fait à Douala, le 23 mai 2023
Protais AYANGMA, Président d’E.CAM
Ajouter un commentaire
0 commentaires