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Notre gouvernement s’apprête à organiser des parades à travers le pays pour célébrer la prétendue fête de la jeunesse. Cette pratique budgétivore ne fait que renforcer l'enrichissement illicite des personnes qui pillent notre république. Faire défiler notre jeunesse sous un soleil ardent, avec les champs à l'honneur du Président de la république, est une tradition unique au Cameroun. Dans d'autres pays, la jeunesse n'est ni infantilisée ni martyrisée.
Honorer la jeunesse signifie l'inclure dans les décisions nationales. Pourtant, notre gouvernement ne compte aucun jeune parmi ses membres, même le Ministre de la Jeunesse et ses 10 délégués régionaux sont tous des vieux. Pourtant, les jeunes de moins de 40 ans représentent plus de 80% de la population camerounaise.
Nous célébrons les jeunes sans mettre en place une politique éducative moderne, performante et professionnalisante, adaptée aux besoins du marché. Nous avons de nombreux diplômés universitaires qui ne sont pas adaptés aux besoins des entreprises. Nous célébrons la jeunesse sans investir dans des infrastructures scolaires adéquates, alors que les conditions de vie dans nos universités sont désastreuses. Nous célébrons la jeunesse sans honorer ses enseignants. Les mouvements tels que OTS montrent le manque de considération pour nos enseignants. Nous célébrons la jeunesse sans créer d'emplois pour les jeunes diplômés, Plus de 90% de nos diplômés sont au chômage ou sous-employés. Nous célébrons la jeunesse sans soutenir la recherche et l'entrepreneuriat. Les jeunes entrepreneurs sont soumis à des taxes qui étouffent l’épanouissement de leurs start-ups.
Nous célébrons la jeunesse sans assurer sa sécurité et celle des femmes. Le nombre croissant de féminicides démontre la vulnérabilité des femmes. Les jeunes filles sont les proies des prédateurs sexuels, des encadreurs et des employeurs malveillants. Des milliers d'entre elles sont violées et agressées quotidiennement, dans l'indifférence générale. Le cas Bobda n'est pas isolé. De nombreux jeunes, garçons et filles, subissent ces abus au quotidien dans leur famille, dans la rue, à l'école, à l'université et sur leur lieu de travail, où ils sont victimes de harcèlement et de trafic d'influence, les obligeant à garder le silence sous peine de représailles.
Dans notre pays, les jeunes qui osent dénoncer les injustices sont souvent menacés ou convoqués au SED pour être exploités. Nous exprimons notre soutien au jeune journaliste Bruno Bidjang et appelons à sa libération. Le Cameroun est un État de droit. L'arrestation de tout citoyen pour ses opinions est une violation flagrante de la liberté d'expression, un droit fondamental garanti par notre constitution. Les lanceurs d'alerte ne bénéficient d'aucune protection, et les plus talentueux d'entre eux sont muselés et contraints de quitter le pays pour leur sécurité. Le cas Paul Chouta est l'un des plus marquants de ces derniers mois.
La vie est devenue chère dans notre pays. Les carburants coûtent plus cher au Cameroun, un pays pétrolier, qu'au Burkina Faso, un pays enclavé, non pétrolier et confronté au terrorisme. Paradoxe ! Les injustices sociales et le manque d'opportunités poussent de nombreux jeunes à quitter le pays. Il est plus facile pour un jeune diplômé camerounais de trouver du travail au Canada qu'au Cameroun. Cette situation encourage la fuite des cerveaux. Le népotisme et la corruption dans les concours administratifs incitent également à partir. Il faut être un "fils de" pour avoir une chance de réussir dans notre pays. Pourtant, ceux qui nous dirigent aujourd'hui, étaient les fils d'agriculteurs, d'instituteurs, d'artisans et de catéchistes...
Aux jeunes, la fatalité n'est pas une option. Tout est possible. Nous avons la force du nombre, et nous pouvons changer les choses dans notre pays. Chacun d'entre vous est une étoile destinée à briller pour l'avènement d'une nouvelle République au Cameroun. Une République prospère, juste, où règne la bonne gouvernance, et où les jeunes et les femmes participent pleinement à la gestion du pays. Une République débarrassée de la gérontocratie, où l'alternance générationnelle devient une réalité. Oui, un Cameroun qui valorise sa diaspora est encore possible, car quoi qu'il arrive, le Cameroun de demain se construira avec les jeunes, les femmes et notre diaspora.
Mais pour que ce Cameroun nouveau devienne une réalité, des efforts préalables sont nécessaires. La déperdition, le vandalisme, la consommation de stupéfiants, la dépendance aux jeux de hasard et le vagabondage sur les réseaux sociaux ne nous aident pas, et ne contribuent pas au bien-être du pays. Il est important pour les élèves d'être disciplinés à l'école, de respecter leurs enseignants, ainsi leurs aînés et leurs parents.
Pour ceux qui sont au chômage depuis longtemps, soyez humbles et courageux. Apprenez un métier et lancez une activité. L'inaction et la dépression ne sont pas des solutions. L'agriculture et l'économie numérique peuvent nous permettre de nous auto-employer et de générer des revenus. Les réseaux sociaux, l'intelligence artificielle et le digital en général ne doivent plus être considérés comme des simples outils de distraction, mais comme une source potentielle de revenus. Renseignez-vous, formez-vous, soyez des entrepreneurs, soyez des jeunes ambitieux. Vous n'êtes pas n'importe quelle jeunesse, vous êtes la jeunesse camerounaise. Et sachez-le, le succès sourit aux audacieux, à ceux qui osent et innovent. Le travail, la discipline, l'abnégation restent les clés du succès. La vie facile est un piège à éviter.
Aux influenceurs et aux artistes, vous exercez un métier passionnant. Soyez des modèles pour les jeunes, et non l'inverse. Utilisez votre aura pour dénoncer des injustices et éduquer vos followers, et non seulement pour vendre et détourner notre jeunesse qui vous suit en masse.
Évitons de tomber dans le tribalisme d'État entretenu par la gérontocratie. Soyons des jeunes citoyens patriotes. Cultivons-nous, soyons conscients des enjeux de l'heure et de nos intérêts. L'avenir, c'est maintenant. L'heure est à l'action, pour le changement. Ne pleurons plus, agissons. C'est notre destinée. Si vous avez 20 ans et plus, inscrivez-vous sur les listes électorales, et au moment venu, votez pour la jeunesse.
À nos milliers de jeunes engagés dans l'armée camerounaise, postés à nos frontières et dans les zones en crise pour sécuriser nos vies et nos biens, vous êtes nos héros. À ceux qui ont perdu la vie dans l’exercice de cette noble mission, vous n'êtes pas morts pour rien, vous êtes mort pour la Patrie.
À ces enfants privés d'éducation dans les zones en crise, à toutes ces jeunes filles déplacées des régions anglophones contraintes à la prostitution pour survivre, sachez que nous vous aimons et partageons votre peine.
Bonne et heureuse fête de la jeunesse.
Vive le Parti Action,
Vive la jeunesse camerounaise,
Vive le Cameroun.
Yaoundé le 10 février 2024
Ibrahim Yiché,
Président National du Parti Action
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