Drame de Soulédé-Roua : Les corps des victimes abandonnés 100 jours après les faits
Assassinés le 2 mars 2025 à Mbalda, dans le Mayo-Tsanaga, les dépouilles des chercheurs Frédéric Mounsi, Dr Bello Bienvenue et de leur guide Oumarou Kabalay demeurent abandonnées à la morgue de l’hôpital militaire de Maroua, plus de 100 jours après les faits, dans l’attente des obsèques officielles annoncées par l’État.

Initialement ensevelies de manière expéditive dans une fosse commune au cimetière municipal de Roua, les dépouilles des trois victimes avaient été exhumées le 14 mars, dans la perspective d’obsèques officielles annoncées par les autorités. Depuis, elles reposent à la morgue de l’hôpital militaire de Maroua, dans un silence institutionnel de plus en plus pesant.

Trois mois après le drame, les familles, déjà brisées par la violence inouïe d’un assassinat inacceptable, expriment leur détresse face à ce qu’elles perçoivent comme un abandon de l’État. « On nous a promis des obsèques dignes, un hommage, une reconnaissance officielle. Aujourd’hui, nous n’avons plus que notre douleur et une attente insupportable », confie un proche du chercheur Frédéric Mounsi. 

Dans le septentrion, où les traditions musulmanes préconisent l’inhumation rapide des défunts, la longue attente est vécue comme une humiliation supplémentaire. Malgré une cérémonie de pardon organisée par les habitants de Mbalda rongés par le remords, les familles estiment que le temps du recueillement ne peut véritablement commencer tant que justice n’aura pas été rendue et que les sépultures n’auront pas été établies dans la dignité.

Sur le plan judiciaire, vingt et une personnes ont été interpellées dans le cadre de l’enquête, mais l’instruction semble au point mort. Une proposition d’indemnisation jugée dérisoire a été repoussée par les familles, qui dénoncent un mépris institutionnel et réclament des actes forts.

Ce drame met en lumière la persistance de l’insécurité dans certaines zones frontalières du Cameroun, mais aussi la nécessité urgente de garantir la sécurité des chercheurs et des agents du développement en mission sur le terrain. Les victimes de Soulédé-Roua ne doivent pas sombrer dans l’oubli. Pour leurs proches, il est temps que l’État tienne parole et rende à ces hommes l’honneur et la reconnaissance qu’ils méritent.

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