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Certes, l’on n’assiste pas, du moins pas encore, à des confrontations directes entre puissances, avec les grands engagements militaires que cela suppose.
Néanmoins, la kyrielle de foyers de crise d’une conflictualité déstructurée et de basse intensité qui essaiment le continent, n’en causent pas moins un nombre élevé de morts et de destructions. C’est chaque jour que des groupes d’extrémistes, armés par on ne sait trop qui, ni trop comment, ni pour quelle contrepartie, prennent prétexte de revendications des plus hallucinatoires, pour perpétrer toutes sortes d’atteintes à la sécurité des personnes et des biens.
Une chose est sûre. Ces pillards-égorgeurs ne sont que le bras séculier de puissances étrangères, à la poursuite d’intérêts très loin de faire le bonheur de nos populations. Et si leurs sanglants faits d’armes accaparent les feux de l’actualité, cette intense exposition médiatique participe de la guerre hybride et tous azimuts que se livrent les grands combattants de l’arène géostratégique planétaire sur le continent africain.
Car, il est plus que temps de le reconnaître, une autre guerre mondiale fait actuellement rage en Afrique. Une guerre militaire, économique, culturelle, sportive, sanitaire, scientifique, et même une guerre de popularité par médias interposés. Ces derniers, nous parlons des médias, sont plus que jamais utilisés comme des armes d’intoxication massive de nos capacités cérébrales.
Par le grossissement, le travestissement, la disqualification, la mise en miroir de faits sans lien de continuité, les grossières généralisations et de parfaites allégations sans fondement, l’intelligence des situations de l’opinion est altérée et conditionnée de sorte à crier telle une meute sur des ennemis tout indiqués.
Ce faisant, des institutions sont ébranlées, l’agitation gagne les populations, et la moindre maladresse réelle ou supposée, suffit pour tout faire exploser.
Les soubresauts institutionnels et les mouvements de foule observés en certains points du continent sont la désolante preuve de la nocivité de cette guerre médiatique, dont la finalité n’est autre que le gain de sphères d’influence, avec si nécessaire, une fragmentation par la violence terroriste des Etats existants. Un procédé diplomatiquement appelé remodelage.
A présent que l’intention est connue, les modes opératoires
aussi, il serait à tout le moins suicidaire de remettre notre sort entre les mains de l’un ou l’autre de ces compétiteurs, au détriment des autres, ce qui reviendrait à sauter de la poêle pour le feu.
L’idéal, si tant est qu’il en existe en le domaine, l’idéal serait de se mettre en capacité d’opérer des choix souverains et de les faire respecter, sans avoir à redouter de retour de flamme. Cela passe par la consolidation de l’esprit de cohésion nationale, autour de nos dirigeants et nos institutions. Cela passe aussi par une fusion plus intime entre Etats africains.
Nos médias locaux pourraient y contribuer de manière substantielle, en se gardant, notamment, de servir de caisse de résonance à des narratifs d’importation prêts-à-consommer, de véritables inférences communicationnelles très souvent sujettes à caution, telles que diffusées en boucle sur les chaînes de grande audience internationale.
Pour des nations encore en construction comme les nôtres, l’enjeu de l’autonomie médiatique est crucial.
Capitaine de Vaisseau Atonfack Guemo Cyrille Serge Chef de Division Communication - Mindef
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