Borel Taguia Kana : Le jeune capitaine d'industrie
Certains l’appellent le à Elon Musk camerounais. À 29 ans, cet ingénieur est à la tête d’un empire de 06 entreprises, avec un capital cumulé d’environ 1 milliard de francs et plusieurs dizaines d’emploie décent crée. Détenteur de 02 livres et d’un brevet d’invention avec plusieurs awards à son actif, Borel Taguia nous libre les secrets de son succès. Lire l’interview

LVJ : Vous êtes à la tête d’un consortium de 06 entreprises. Un véritable casse-tête managérial. Comment parvenez-vous à manager autant de structures à votre jeune âge ?

Borel Taguia : Les choses ne sont pas toujours faciles, elles sont même parfois très difficiles, je dois l’avouer. Mais quand on est animé par une envie quotidienne de résoudre les problèmes de notre environnement, on ne voit pas les difficultés comme une limite, mais plutôt comme une opportunité d’évoluer sur le plan humain et professionnel en transcendant ces limites.

LVJ : Il y a quelques années, vous étiez encore étudiant à l’École Nationale Supérieure Polytechnique de Maroua. Aujourd’hui, votre empire compte plusieurs boites. Entre autres Tagus Investment, Tagus Tchat, Tagus Engineering, Tagus Pay, et Tagus Drone Academy, pouvez-vous nous dire les solutions innovantes et services que propose chacune de ces structures ?

Borel Taguia : Effectivement, ça ne fait pas longtemps que j’étais encore étudiant. Pour être plus précis, ça fait à peine 6 ans, et je me rappelle souvent de cette période avec beaucoup de nostalgie. Aujourd’hui, les choses n’ont pas changé. Gérer ces boites, c’est comme gérer mes différentes matières à l’université d’antan. Je les ai toujours faites avec la même rigueur, la même énergie, et le même esprit d’excellence qui m’a toujours animé.

Pour les entreprises déjà en fonction qui sont : Tagus Drone, Tagus Investment, Tagus Tchat et Tagus Engineering, nous avons les différents secteurs d’activés suivants :

Tagus Drone qui est une entreprise qui fait dans la fabrication et la vente des drones, le développement web et logiciel et les installations solaires PV.

Tagus Investment qui est un réseau social africain, réunissant investisseurs et porteurs de projets, afin de permettre d’une part pour les porteurs de projets de voir financer leurs projets, et d’autre part pour les investisseurs d’investir dans des milliers de projets innovants pour le développement de l’Afrique.

Tagus Tchat est une messagerie permettant aux personnes aillant une vision futuriste pour l’Afrique, de discuter ensemble et de faire converger leurs idées vers un idéal commun.

Tagus Engineering créée récemment, est une entreprise qui s’est fixée pour objectif, de résoudre toutes les problématiques d’ordre technique qu’a régulièrement le continent, dans ses objectifs de croissance et de développement.

Tagus Pay qui sera fonctionnel d’ici Juin 2023, est une plateforme qui permettra de faciliter le paiement des dividendes aux actionnaires de Tagus drone et également de faciliter le transfert d’argent au travers de l’Afrique par des solutions de mobile money. Une solution qui permettra aux pays africains de se transférer de l’argent facilement par mobile money, et de faire également les retraits par mobile money.

Tagus Drone Academy, qui est notre projet le plus récent, est un centre de formation lié aux métiers du drone. Les jeunes pourront dès octobre 2023, se former pendant 1 an au pilotage des drones professionnels, aux développements des systèmes embarqués, au montage des drones, au développement des systèmes d’intelligence artificielle, et bien d’autres filières…

LVJ : Pourquoi avez-vous opté pour la diversion des secteurs ?

Borel Taguia : Il important en entrepreneuriat, de toujours diversifier les services. Parce que l’un de ces services pendant un moment peut vous permettre de maintenir le cap, et pendant d’autres moments, ce sont plutôt les services additifs qui le font.

Dans notre cas par exemple, la mise en place d’une unité de production des drones prend énormément de temps et d’argent, hors entre temps l’entreprise doit fonctionner, elle doit payer ses charges et se maintenir à flot. Il était donc primordial pour nous de rattacher ces autres services qui nous permettent de générer du cash-flow et de nous donner davantage de forces, afin que nous continuons à avancer vers notre vision.

LVJ : Quelles difficultés rencontrez-vous dans la construction de votre empire, compte tenu de notre écosystème économique, parfois hostile aux jeunes entrepreneurs innovants ?

Borel Taguia : Il n’est vraiment pas facile d’évoluer dans cet écosystème. C’est même extrêmement difficile. Raison pour laquelle beaucoup abandonnent. Mais ce qui me permet de garder le cap et de toujours trouver des solutions quelle que soit la situation, c’est qu’intérieurement, à chaque difficulté, je dis que cette difficulté n’est pas une limite, mais juste une opportunité qu’elle me donne à me dépasser davantage.

Comme difficultés, on peut énumérer par exemple :

- Le manque de politique réelle facilitant les entrepreneurs locaux à gagner des parts des marchés face à la concurrence avec les entreprises étrangères.

- Une sur taxation des impôts vis-à-vis des entreprises, même celle venant de naître et qui ne cherche encore qu’à se maintenir et à ne pas faire faillite les premières années.

- Une réelle difficulté à trouver des financements, qu’il s’agisse des banques, des business Angels ou de l’État lui-même proprement dit.

LVJ : Quels sont vos plus grandes réalisations depuis votre entrée dans le monde du business ?

Borel Taguia : Je pourrai citer ici le fait que nous ayons fait en moins de 3 ans un chiffre d’affaires cumulé avoisinant le milliard, mais réellement, ce n’est pas cela qui pourrait me procurer une véritable satisfaction. Par contre, voire de l’espoir sur le visage de milliers de jeunes qui ont pu un moment ou un autre être inspiré par nos réalisations. Pour moi, c’est en cela que je trouve le véritable carburant qui me fait avancer au quotidien, et l’instant d’un moment, je peux esquisser un sourire, car je reste convaincu que seul la productivité (multiplication des entreprises de production) pourra relever l’Afrique et la faire sortir du gouffre dans lequel elle est.

LVJ : Comptez-vous arrêter à ce stade de votre succès ?

Borel Taguia : Ohh réellement, je considère que je n’ai encore rien fait et que je ne suis qu’au début de mon aventure. Tellement de choses restent encore à faire. Voyez-vous tout est encore à faire en Afrique. Notre continent est en construction et il y a tellement de problèmes à résoudre. Et qui dit problèmes dit opportunités.

Donc, sincèrement, je pense que les choses ne font que commencer, et nous ne nous arrêterons pas, tant que l’impact qu’on aura créé ne sera aussi grand que l’est l’univers.

LVJ : Quels sont vos prochains challenges ?

Borel Taguia : Nous en avons des tonnes, mais permettez-moi de ne pas les révéler ici, afin que nous puissions vivre pleinement ces instants, une fois ces challenges accomplis.

LVJ : Vous êtes aussi présenté comme un écrivain prolifique. Qu’est-ce qui explique votre passion pour l’écriture ?

Borel Taguia : Ma passion pour l’écriture, je crois que je l’ai toujours eue. En partie grâce à mon père qui ne passait une journée pas sans m’énoncer une citation d’un célèbre auteur. Et aussi par envie constante de laisser un héritage aux prochaines générations. Ne dit-on pas souvent : ‘‘les paroles s’envolent, mais les écrits restent’’. Je crois qu’en mettant sur les écrits nos pensées, nos expériences, nos frustrations, nos difficultés, nous donnons des armes nécessaires aux générations futures, afin qu’elles puissent perpétuer les œuvres que l’on a commencées. Je me rappelle encore que sur tous mes cahiers au secondaire, comme au supérieur, je passais mon temps à écrire des phrases, des citations, ou encore des pensées d’auteurs célèbres. J’ai toujours adoré l’écriture, et elle est devenue avec le temps, mon médicament. Car quand rien ne va en entreprise ou ailleurs, je me réfugie dans l’écriture, afin de trouver la force de continuer à avancer.

LVJ : Vous êtes aujourd’hui considéré par plusieurs jeunes comme un modèle de réussite. Quel est votre secret ?

Borel Taguia : La chose que je sais réellement, c’est que je me suis fixé des objectifs et que je travaille jour après jour pour pouvoir les réaliser. C’est gratifiant de savoir qu’on peut inspirer une ou plusieurs personnes, car au bout du compte, c’est la seule chose qui compte. L’inspiration que nous pouvons provoquer sur son prochain. Je suis de ceux qui ne pensent que nous sommes tous venus au monde pour apporter un changement, pour contribuer de façon significative à l’évolution du monde. Il ne reste donc plus qu’à chacun de savoir jouer sa partition.

LVJ : Quels sont vos conseils à la jeunesse camerounaise qui s’identifie à vous ?

Borel Taguia : S’il fallait que je dise quelque chose à la jeunesse camerounaise, je le résumerais en trois mots.

Le rêve ou la vision, car j’ai pour habitude de dire : « Rêvez grand, rêvez tellement grand que le monde ne soit qu'une infime entité comparée à la grandeur de vos rêves. »

Le travail, car j’ai pour habitude de dire : « Le travail est la seule arme qui permet d’amoindrir les inégalités, au point de les rendre inexistantes. Encore une chance qu’il soit gratuit »

Et la persévérance, car j’aime bien dire : « S’il faut un jour que j’échoue, ce sera tout autre chose, sauf faute d’avoir persévéré »

LVJ : Quel soutien aimerez-vous avoir de la population camerounaise, et du gouvernement de la République ?

Borel Taguia : Je crois sincèrement que c’est la population camerounaise et africaine qui attend beaucoup de nous. Nous ferons toujours tout pour mériter l’estime que cette population peut nous porter, et surtout perpétuer le rêve africain que nous avons commencé.

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Martial OTABELA
Ce commentaire contient des spoilers ? Cliquez ici si vous voulez lire.

J'ai eu l'honneur d'échanger avec Borel lors d'un dîner d'affaires. Sa boîte à projet déborde... Que Dieu lui donne juste la force d'aller jusqu'au bout

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