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Véronique la trentaine d’âge sonnée, se tord de douleur à cause de complications et cicatrisation difficiles après une césarienne réussie. Diagnostiquée diabétique à cause des corticoïdes, une des causes de l’augmentation de la glycémie, elle est sur le point d’accrocher la cuillère.
De plus, Il est difficile pour les médecins de faire les points de suture car la peau de Véronique qui est trop fine à cause des multiples produits décapants injectés depuis quelques années dans l’unique but de plaire. Comme elle, plusieurs femmes se débarrassent consciemment au quotidien, de leur couleur de peau naturelle.
« Tcha-Tcho » au Mali, « Leeral » ou « Xhessal » au Sénégal, « Ambi » au Gabon, de l’avis des puristes, la dépigmentation volontaire est définie comme l’ensemble des procédés visant à obtenir un éclaircissement volontaire de la peau naturelle par l’utilisation des produits dépigmentants à visée cosmétiques. Des produits toxiques tels que l’hydroquinone, les dérivés mercuriels, les acides de fruits et le Glutathion à travers des laits ou savons sont appliqués sur la peau, une à deux fois par jour sur le corps tout entier ou sur le visage dans le but de séduire. Cette pratique qui a pour principal but de se blanchir la peau n’est pourtant pas sans conséquences sur la santé des femmes prêtes à tout.
La dépigmentation cutanée cosmétique cause des troubles irréversibles sur la santé physique et morale, est devenue un problème de santé publique dans bien de pays d’Afrique notamment au Cameroun. Sur le triangle national, la dépigmentation de la peau, communément appelée « ndjansang », le« maquillage », le « décapage », le « mazembe » est une méthode utilisée par bien des femmes qui engendre des complications locales ou dermatologiques. On peut citer les infectieuses encore appelées gale humaine, les non infectieuses à savoir les acnés ou vergetures. Toujours dans ce registre des complications, les troubles pigmentaires comme l’orchronose et enfin les tumeurs cutanées.
Quant aux diabètes, les troubles neurologiques comme l’amnésie, troubles du sommeil, ils sont classés dans la catégorie des complications systémiques.
D’autres femmes vont plus loin en appliquant sur leur peau, des produits caustiques et domestiques. Tels que : le liquide vaisselle, les dentifrices, le ciment, les acides de batterie qui sont mélangés de manière artisanale par des esthéticiennes et prescrites par ces dernières à leurs clientes. Aussi, les compositions de laits éclaircissants dans la recherche d’un teint clair ont le vent en poupe. Les abonnées du blanchiment de la peau se dénombrent en cascade. Malgré les sensibilisations contre la dépigmentation volontaire, les femmes conscientes des dégâts que cette méthode peut causer sur la santé, elles sont nombreuses à toujours se blanchir la peau. « Pour ces femmes, la peau noire a une connotation négative, il est question pour elles de s’en débarrasser et de se rapprocher de la peau blanche qui est perçue comme une couleur de peau valorisante et surtout assimilée à la beauté, la sensualité et à une appartenance à une classe sociale », déplore le Dr Emmanuel Armand Kououtou. Il est Maître deconférences Agrégé de Dermatologie-Vénérologie de la Faculté de Médecine et des Sciences Biomédicales, de l'Université de Yaoundé 1.
Bien plus, le mimétisme a conduit Anaïs dans un centre pour malades mentaux. Anaïs se fait soigner mais à la différence de certains, l’on connait la cause de ses fortes migraines et de ses crises de folies. Anaïs pour se rendre belle utilisait régulièrement un savon de toilette fabriqué à base de dérivés mercuriels. Le mercure, cause des migraines et des crises délirantes de cette dernière. Les nouvelles rapportées ne sont pas très bonnes car Anaïs n’arrive pas à ne plus utiliser ses produits qui la « rendent belle ». Le traitement est donc inefficace et Anaïs est tout simplement addict.
« Cette pratique taboue est un phénomène social qui touche plus de femmes que d’hommes de toutes les couches sociales est une pratique insidieuse. Il faut abolir cette pratique. Elles s’y mettent de plus en plus jeune pour la même cause, plaire à tout prix et ceci à cause aussi des publicités, des industries cosmétiques spécialisées dans le blanchiment de la peau, des films… », regrette Madeleine Kemenang, Conseillère dermo cosmétique et Déléguée médicale, qui chaque jour reçoit des femmes détruites tant l’extérieur qu’à l’intérieur.
« Ces femmes pour la plupart ont besoin d’un suivi psychologique, le mal est profond, n’attendons pas d’être au fond du trou pour réagir, faut sensibiliser la société, faire comprendre aux femmes qu’elles sont belles, uniques et formidables, il n’y a pas d’être parfait mais despersonnes authentiques et exceptionnelles », renchérit Madeleine.
Quand bien même, la peau est abimée, elles sont rares à accepter d’assumer le regard des autres lors de leur transformation pour essayer de retrouver leur teint initial. Au lieu d’opter pour une régénération de la peau, certaines préfèrent appliquer encore et encore ces laits teints clairs en espérant rattraper ce qui a déjà été pourtant détruit par les mêmes produits.
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