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Peut-on avoir une idée de l’auteur que vous êtes ?
Vireil Renaud Eboto est mon nom. Je suis Camerounais, technicien supérieur aux arts et métiers de l’audiovisuel, spécialiste de la communication sociale et médiatique. Également, un jeune auteur qui a signé aux Editions l’Harmattan-Cameroun. Je viens de produire mon nouveau roman intitulé « Eséka, dans le train de la mort ». C’est mon tout premier livre. Je fais mes premiers pas dans le domaine de l’écriture.
Êtes-vous un auteur engagé ou alors un disciple de l’art pour la distraction ?
Je peux me définir comme étant un auteur engagé. Mon premier roman, qui sortira bientôt, traite d’une question assez sensible, notamment la catastrophe ferroviaire d’Eséka, qui a lieu le 21 octobre 2016. J’ai neuf autres livres qui sont déjà prêts, et que je sortirai au fur et à mesure. Je m’intéresse à des problématiques comme le tribalisme, la question anglophone...mais je fais passer en roman et non en essai, pour permettre aux lecteurs de mieux comprendre, de manière caricaturale ou imagée, le message que je veux laisser transparaître aux lecteurs.
Parlons de ce nouveau roman intitulé « Eséka, sur le train de la mort ». Il s’agit de quoi concrètement ?
En ce qui concerne ce roman, à la vérité, s’il fallait tout simplement raconter l’histoire de la catastrophe ferroviaire d’Eséka du 21 octobre 2016, on le ferait en 10, voire 20 pages maximum. Donc « Eséka, dans le train de la mort », est plutôt une interpellation à un ensemble de manières de faire dans nos pays de la grande forêt équatoriale, c’est-à-dire nos Pays d’Afrique Noire principalement. C’est un ensemble d’éléments qui a entrainé une catastrophe irréparable. Il ne s’agit pas de se limiter à raconter l’histoire de cette catastrophe, mais mettre en exergue une certaine façon de faire de nos dirigeants, une certaine façon de penser de nos populations, et une certaine façon d’agir des multinationales. Celles-ci sont, à la vérité, le nouveau colon que nous avons dans nos pays d’Afrique Noire. Loin de moi l’idée de justifier qui que ce soit, mais il est question de peindre la situation telle qu’elle est, afin que chacun puisse s’y reconnaitre. La catastrophe d’Eséka a été un événement assez tragique. Il est question pour nous, Africains, qui avons une tradition orale, de pouvoir la coucher sur du papier, afin qu’on ne l’oublie pas et que plus jamais, une pareille catastrophe ne puisse se reproduire.
Vous n’avez pas un autre rêve en produisant ce roman ?
Mon vœu secret est que ce livre puisse entrer dans les
programmes scolaires. C’est la raison pour laquelle j’ai choisi le titre « Eséka, dans le train de la mort ». J’aurais pu l’appeler différemment. Mais, j’ai choisi ce titre parce que mon vœu pieux est que cette œuvre rentre dans les programmes scolaires au Cameroun, dans les lycées et collèges.
La catastrophe ferroviaire a eu lieu le 21 octobre 2016. Est-ce que nos dirigeants n’ont pas essuyé les larmes, ou il en faut encore ?
Non. A la vérité, le bouquin n’est pas destiné aux dirigeants. Mais, à la postérité. En Afrique, nous avons encore une tradition orale, du genre, les contes, les conseils de grand- mère, de mère en fille. De ce fait, il y a une tendance à les oublier. Par contre, lorsqu’on commet un ouvrage comme celui-ci, cela permet de ne jamais oublier. Il faudrait que notre tradition africaine devienne écrite, non plus orale. Maintenant, concernant les larmes, il n’est plus question de pleurer. Place à l’espoir. Vous savez, souvent c’est après les larmes que vient le sourire. Il est question d’espérer après cela. Il n’est pas question d’oublier, parce que vous savez que jusqu’à présent, il y a des victimes de la catastrophe qui n’ont pas trouvé les membres de leurs familles. Il y a des personnes qui jusqu’ici, n’ont pas réussi à faire le deuil des membres de leurs familles qu’ils ont perdu. Il y a des personnes qui jusqu’à présent portent des séquelles dans leur chair, dans leur âme.
A la dédicace du jeudi 20 octobre, dans le film documentaire qui sera diffusé, vous verrez quelqu’un qui a perdu un pied, une jeune dame qui a des hématomes assez sérieux sur un bras, vous verrez un monsieur qui a des problèmes cérébraux désormais. J’en ai suivi un lors d’un procès à Eséka, qui a perdu sa virilité carrément. Donc, pour dire que tous ces gens là ont besoin quand même que l’on commémore cet instant, et quoi de mieux pour commémorer que de sortir un livre là-dessus, un roman. A la vérité, ce n’est pas une occasion pour faire couler les larmes, mais pour réfléchir pour la postérité, pour commémorer, pour partager avec ces gens leur douleur, et pour se dire que voilà : « Plus Jamais ça » dans notre Pays. C’est le principal message que nous voulons véhiculer lors de cette dédicace.
Concernant la dédicace du jeudi 20 octobre 2022 à l’Institut Français de Yaoundé. Est-ce qu’il y aura des témoignages de quelques rescapés ? Quelles seront les articulations du jour ?
Il y a déjà une rescapée qui s’appelle Céline Titi qui m’a confirmé qu’elle sera présente à ce café littéraire. C’est de cette femme que je me suis inspiré pour faire le
personnage principal de mon roman. Elle sera bel et bien présente pour raconter son histoire. Il y aura aussi Me Dominique Fousse, une avocate que vous connaissez très bien. Elle a défendu les victimes et les ayants-droits. Elle est parmi les intervenants pour pouvoir se pencher sur la question. Rolande Bechon sera également là. C’est la présidente de Nouveaux Droits de l’Homme (NDH). Il sera question pour elle de voir à peu près au niveau des droits de l’homme, ce qui a été fait et ce qui aurait dû être fait. Ici, c’est en ce qui concerne les échanges, une articulation importante de la soirée.
Mais, nous allons commencer par diffuser un film documentaire de douze minutes, pour replonger les futurs lecteurs de cet ouvrage dans le contexte réel. Nous avons réalisé un documentaire de douze minutes sur la question, avec des images d’archives, des images que nous avons tournées de nous-mêmes. Après la projection de ce film, nous aurons un slameur qui viendra faire un slam sur l’espoir, pour dire que voilà, malgré la catastrophe, l’espoir doit continuer à avoir droit de cité. Nous devons continuer à espérer, à vivre, parce que je vous ai dit qu’il n’est pas question de pleurer, mais d’espérer. Nous allons clôturer avec la dédicace du livre proprement dite. Donc voilà les différentes articulations qui attendent les personnes qui viendront à cette séance dédicace, de 15 à 17 heures. Nous voulons vraiment que ce soit une séance inédite, avec les échanges à bâtons rompus. Nous avons invité les autorités du pays pour vous faire comprendre justement qu’il n’est pas question de justifier qui que ce soit.
Quel est le coût du livre et où peut-on le retrouver ?
Le livre coûte environ 10 000 FCFA, soit 15,50€. Vous pouvez déjà l’avoir en version numérique, sur les plateformes telles qu’Amazon par exemple. Il est en vente depuis janvier 2022. Mais, à partir du 20 octobre 2022, vous pourrez le retrouver dans les librairies, notamment à l’Harmattan-Cameroun, située derrière les maisons SIC de Tsinga à Yaoundé ; et également dans toutes les librairies du Cameroun. Il y a des exemplaires qui seront déposés à l’Institut Français du Cameroun de Yaoundé. Pour avoir le roman, vous pouvez également me contacter personnellement.
Nous sortons de cet entretien. Un dernier mot ?
Mon message est très simple : je souhaite bonne lecture à tous ceux qui viendront, que j’espère nombreux le 20 octobre pour la dédicace. Je demande à tout un chacun de venir acheter un exemplaire, qui est bien écrit, qui a une histoire intéressante à lire. Venez encourager l’auteur que je suis, venez partager avec moi ce moment inédit...
Le Quotidien N° 1013 du lundi 10 Octobre 2022
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