Café littéraire : « Eséka, dans le train de la mort »
Vireil Renaud Eboto, l’auteur du livre « Eséka, dans le train de la mort », dédicace son nouveau roman le jeudi 20 octobre 2022, à l'Institut Français de Yaoundé, au Cameroun. En prélude à ce café littéraire, il a accordé un entretien exclusif au Quotidien, pour la bonne gouverne du public à propos du message qu’il passe dans son ouvrage.

Peut-on avoir une idée de l’auteur que vous êtes ?

Vireil Renaud Eboto est mon nom. Je suis Camerounais, technicien supérieur aux arts et métiers de laudiovisuel, spécialiste de la communication sociale et médiatique. Également, un jeune auteur qui a signé aux Editions lHarmattan-Cameroun. Je viens de produire mon nouveau roman intitulé « Eséka, dans le train de la mort ». Cest mon tout premier livre. Je fais mes premiers pas dans le domaine de lécriture.

Êtes-vous un auteur engagé ou alors un disciple de l’art pour la distraction ?

Je peux me définir comme étant un auteur engagé. Mon premier roman, qui sortira bientôt, traite dune question assez sensible, notamment la catastrophe ferroviaire dEséka, qui a lieu le 21 octobre 2016. Jai neuf autres livres qui sont déjà prêts, et que je sortirai au fur et à mesure. Je mintéresse à des problématiques comme le tribalisme, la question anglophone...mais je fais passer en roman et non en essai, pour permettre aux lecteurs de mieux comprendre, de manière caricaturale ou imagée, le message que je veux laisser transparaître aux lecteurs.

Parlons de ce nouveau roman intitulé « Eséka, sur le train de la mort ». Il s’agit de quoi concrètement ?

En ce qui concerne ce roman, à la vérité, sil fallait tout simplement raconter lhistoire de la catastrophe ferroviaire dEséka du 21 octobre 2016, on le ferait en 10, voire 20 pages maximum. Donc « Eséka, dans le train de la mort », est plutôt une interpellation à un ensemble de manières de faire dans nos pays de la grande forêt équatoriale, cest-à-dire nos Pays dAfrique Noire principalement. Cest un ensemble déléments qui a entrainé une catastrophe irréparable. Il ne sagit pas de se limiter à raconter lhistoire de cette catastrophe, mais mettre en exergue une certaine façon de faire de nos dirigeants, une certaine façon de penser de nos populations, et une certaine façon dagir des multinationales. Celles-ci sont, à la vérité, le nouveau colon que nous avons dans nos pays dAfrique Noire. Loin de moi lidée de justifier qui que ce soit, mais il est question de peindre la situation telle quelle est, afin que chacun puisse sy reconnaitre. La catastrophe dEséka a été un événement assez tragique. Il est question pour nous, Africains, qui avons une tradition orale, de pouvoir la coucher sur du papier, afin quon ne loublie pas et que plus jamais, une pareille catastrophe ne puisse se reproduire.

Vous n’avez pas un autre rêve en produisant ce roman ?

Mon vœu secret est que ce livre puisse entrer dans les

programmes scolaires. Cest la raison pour laquelle jai choisi le titre « Eséka, dans le train de la mort ». Jaurais pu lappeler différemment. Mais, jai choisi ce titre parce que mon vœu pieux est que cette œuvre rentre dans les programmes scolaires au Cameroun, dans les lycées et collèges.

La catastrophe ferroviaire a eu lieu le 21 octobre 2016. Est-ce que nos dirigeants n’ont pas essuyé les larmes, ou il en faut encore ?

Non. A la vérité, le bouquin nest pas destiné aux dirigeants. Mais, à la postérité. En Afrique, nous avons encore une tradition orale, du genre, les contes, les conseils de grand- mère, de mère en fille. De ce fait, il y a une tendance à les oublier. Par contre, lorsquon commet un ouvrage comme celui-ci, cela permet de ne jamais oublier. Il faudrait que notre tradition africaine devienne écrite, non plus orale. Maintenant, concernant les larmes, il nest plus question de pleurer. Place à lespoir. Vous savez, souvent cest après les larmes que vient le sourire. Il est question despérer après cela. Il nest pas question doublier, parce que vous savez que jusquà présent, il y a des victimes de la catastrophe qui nont pas trouvé les membres de leurs familles. Il y a des personnes qui jusquici, nont pas réussi à faire le deuil des membres de leurs familles quils ont perdu. Il y a des personnes qui jusquà présent portent des séquelles dans leur chair, dans leur âme.

A la dédicace du jeudi 20 octobre, dans le film documentaire qui sera diffusé, vous verrez quelquun qui a perdu un pied, une jeune dame qui a des hématomes assez sérieux sur un bras, vous verrez un monsieur qui a des problèmes cérébraux désormais. Jen ai suivi un lors dun procès à Eséka, qui a perdu sa virilité carrément. Donc, pour dire que tous ces gens là ont besoin quand même que lon commémore cet instant, et quoi de mieux pour commémorer que de sortir un livre là-dessus, un roman. A la vérité, ce nest pas une occasion pour faire couler les larmes, mais pour réfléchir pour la postérité, pour commémorer, pour partager avec ces gens leur douleur, et pour se dire que voilà : « Plus Jamais ça » dans notre Pays. Cest le principal message que nous voulons véhiculer lors de cette dédicace.

Concernant la dédicace du jeudi 20 octobre 2022 à l’Institut Français de Yaoundé. Est-ce qu’il y aura des témoignages de quelques rescapés ? Quelles seront les articulations du jour ?

Il y a déjà une rescapée qui sappelle Céline Titi qui ma confirmé quelle sera présente à ce café littéraire. Cest de cette femme que je me suis inspiré pour faire le

personnage principal de mon roman. Elle sera bel et bien présente pour raconter son histoire. Il y aura aussi Me Dominique Fousse, une avocate que vous connaissez très bien. Elle a défendu les victimes et les ayants-droits. Elle est parmi les intervenants pour pouvoir se pencher sur la question. Rolande Bechon sera également là. Cest la présidente de Nouveaux Droits de lHomme (NDH). Il sera question pour elle de voir à peu près au niveau des droits de lhomme, ce qui a été fait et ce qui aurait dû être fait. Ici, cest en ce qui concerne les échanges, une articulation importante de la soirée.

Mais, nous allons commencer par diffuser un film documentaire de douze minutes, pour replonger les futurs lecteurs de cet ouvrage dans le contexte réel. Nous avons réalisé un documentaire de douze minutes sur la question, avec des images darchives, des images que nous avons tournées de nous-mêmes. Après la projection de ce film, nous aurons un slameur qui viendra faire un slam sur lespoir, pour dire que voilà, malgré la catastrophe, lespoir doit continuer à avoir droit de cité. Nous devons continuer à espérer, à vivre, parce que je vous ai dit quil nest pas question de pleurer, mais despérer. Nous allons clôturer avec la dédicace du livre proprement dite. Donc voilà les différentes articulations qui attendent les personnes qui viendront à cette séance dédicace, de 15 à 17 heures. Nous voulons vraiment que ce soit une séance inédite, avec les échanges à bâtons rompus. Nous avons invité les autorités du pays pour vous faire comprendre justement quil nest pas question de justifier qui que ce soit.

Quel est le coût du livre et où peut-on le retrouver ?

Le livre coûte environ 10 000 FCFA, soit 15,50. Vous pouvez déjà lavoir en version numérique, sur les plateformes telles quAmazon par exemple. Il est en vente depuis janvier 2022. Mais, à partir du 20 octobre 2022, vous pourrez le retrouver dans les librairies, notamment à lHarmattan-Cameroun, située derrière les maisons SIC de Tsinga à Yaoundé ; et également dans toutes les librairies du Cameroun. Il y a des exemplaires qui seront déposés à lInstitut Français du Cameroun de Yaoundé. Pour avoir le roman, vous pouvez également me contacter personnellement.

 

Nous sortons de cet entretien. Un dernier mot ?

Mon message est très simple : je souhaite bonne lecture à tous ceux qui viendront, que jespère nombreux le 20 octobre pour la dédicace. Je demande à tout un chacun de venir acheter un exemplaire, qui est bien écrit, qui a une histoire intéressante à lire. Venez encourager lauteur que je suis, venez partager avec moce moment inédit...

 

Le Quotidien N° 1013 du lundi 10 Octobre 2022

Couverture du Roman

Couverture du Roman
Je suis bien entourée parceque je le vaux bien.

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