L’émouvant témoignage de Christal Thomas Fotué à l’endroit de feu l’abbé Évariste Takougang Seneghe
Dans une tribune publiée en réaction au décès du curé doyen de la paroisse de Bangang dans la région de l’Ouest, Christal Thomas Fotué un proche de l’homme de Dieu relate ses derniers instants avec celui-ci.

Dans son texte que nous vous proposons en intégralité, Thomas Fotue présente le défunt comme « un ange » qui a su être au se’rvice de son créateur.

Ci-dessous, la tribune de Christal Thomas Fotué 

Faisant suites au décès de l'Abbé Évariste TAKOUGANG SENEGHE, Curé Doyen de BANGANG.

Il était un ange, et pour cela il fallait qu'il s'en aille. Car la place d'un ange n'est pas au milieu des humains

Nous sommes dans les années 2004-2005, la Paroisse de Semto (où le Père Evariste officiait comme Curé) traversait beaucoup d'épreuves spirituelles et pastorales  ayant conduit à la suppression de certains groupes et à la suspension d'autres. J'étais alors membre d'une des chorales suspendues en l'occurrence, la chorale des jeunes, Sainte Bernadette.

Avant l'échéance de 2 mois communiquée  officiellement pour voir la suspension levée, l'Abbé Evariste TAKOUGANG en sa qualité de Curé m'appela (juste 3 semaines après la suspension) dans son bureau et me tint les propos suivants d'une voix noire d'angoisse : "Fils! Mon cœur saigne pour ce qui se passe. J'ai de la peine à suspendre des jeunes. À raison peut-être, mais c'est pénible de suspendre les jeunes, l'avenir de l'Église..."

Suite à ces mots, il me suggéra séance tenante de l'accompagner dans sa pastorale de la jeunesse en assurant désormais la présidence de la chorale des jeunes de la paroisse éponyme.

N'ayant jamais auparavant été responsable ne serait-ce que de contrôle d'une cohorte de fourmis en mouvement, je lui flanquai net sur le visage mon déclin de l'offre, non pas par manque de volonté de l'accompagner, mais davantage par souci de savoir comment je me prendrai pour assurer une responsabilité en contexte d'un climat délétère comme celui qui prévalait à cette époque. À cette réalité défendable s'ajoutait celle de mon CV impitoyablement vierge en matière d'exercice de responsabilité.

Mais, face à tout cela, les encouragements rassurants du missionnaire bienveillant qu'était le Père Evariste m'amenèrent à accepter modestement cette charge, laquelle décidément marqua le départ de mon sens de responsabilité depuis cette toute première expérience à nos jours...

Et si je m'abuse à revendiquer aujourd'hui d'avoir été responsable dans bien d'autres espaces de regroupements humains et ce, dans diverses villes qui m'ont déjà accueillies, cela est dû en partie à l'intuition originelle de responsabilisation opérée par le bon berger l'Abbé Evariste TAKOUGANG. De lui, je dois tout pour ce que c'est qu'être un homme responsable et intègre comme lui-même de son vivant savait bien l'être ou mieux, s'efforçait à l'être...

REPOSE EN PAIX "DON ÉVARISTO", ainsi j'aimais bien t'appeler... Et tu savais si bien me le rendre par ces mots qu'accompagnait toujours ton jovial sourire "Oui oui mon intello".

"MON INTELLO". Ce terme, objet de notre sempiternel dissensus parce que je l'ai toujours trouvé abusif pour me designer, aucun de mes arguments n'ayant jamais suffit pour t'emmener à t'en défaire. Rendu à ce jour, je suis obligé de te le concéder avec l'engagement de le défendre en essayant de le mériter par un travail ardu en permanence. Telle sera d'ailleurs à mon sens la meilleure manière de saluer ta mémoire.

Père, le bleu du ciel bercera ton sommeil de loin là où tu te trouves désormais.

Tu étais un ange, et pour celà il fallait que tu t'en ailles. Car la place d'un ange n'est pas au milieu des humains.

Christal Thomas FOTUE

Les Humanités

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